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Petit clin d'oeil à l'artiste en Résidence au collège "Les Allobroges", Patrice FERRASSE ( de Septembre 2013 à Janvier 2014) car nous étudions un extrait audio et vidéo du film "THE WALL", musique de Pink Floyd et réalisé par Alan PARKER (1982) en lien avec le "mur" construit par l'artiste en salle d'Arts Plastiques (oeuvre intitulée: Diagonale).
Dans The Wall, le héros Pink se construit un mur imaginaire dans lequel il va se renfermer progressivement jusqu'à en devenir fou.
L'extrait parle de la rigidité de l'école et de ses professeurs qui réduisent et formatent les élèves comme des machines à broyer les esprits. Le mur est-il vraiment une frontière?
Cette étude est aussi en lien avec les oeuvres étudiées en Histoire des Arts, thématique Arts-Etats-Pouvoir, qui traitent du Mur de Berlin.
Article d'Elodie Maréchal - Professeur d'éducation musicale.
Document réalisé par M. NOAILLY, Professeur de Physique au Collège.
Mon expérience concernant le travail de Patrice FERRASSE se concentre sur les deux heures de cours de mathématiques effectuées en salle 421.
Premièrement la découverte du travail de l'artiste et la mise en place du fonctionnement de l'heure de cours dans un environnement "inhabituel" :
Mme Mercier, Principale adjointe, avait tenu à m'expliquer la disposition de l'œuvre pour que je ne sois pas trop "perturbée" et pour éventuellement un changement de salle si je ne me sentais pas capable d'assumer la"difficulté" ; malgré ses explications, je m'étais imaginé tout autre chose (en l'occurrence une sorte d'îlot central avec des postes de travail comme un peu dans un labo...esprit scientifique quand tu nous tiens!) et certainement pas une cloison au milieu de la salle qui m'obligeait à passer par le couloir pour accéder à chaque partie. Quelle ne fut donc pas ma surprise (filmée et non feinte) en ouvrant la porte. Il m'en aurai fallu bien plus pour ne pas faire cours, et il est très intéressant de contrôler notre capacité à s'adapter à tout situation "non conforme" à nos habitudes. Bref, j'ai relevé le défi (peut être rassurée par le côté éphémère de cette disposition de salle...) et finalement le fait de changer mes habitudes de positionnement dans la salle, le fait de "disparaître" dans le couloir pour réapparaître dans l'autre partie de la classe avait un effet un peu théâtral, de mise en scène un peu particulière, que j'ai plutôt apprécié. De plus, j'ai été obligée de faire confiance aux élèves, encore plus que d'habitude, ce qui est souvent difficile pour un enseignant... Bref, une expérience positive, qui permet de se poser quelques questions sur la gestion de notre espace, notre place dans la salle de classe, et sur ce que ça peut changer à la relation avec l'élève.
Justement, en ce qui concerne les réactions des élèves je t'en livre quelques unes telles que je les ai notées :
- "Comment on se met ?"
- " Il faudrait calculer l'aire des espaces pour savoir si c'est partager en 2"
- "Ça fait du bien un espace plus petit"
- concernant Patrice : "Il aurait dû être maçon"
Dans l'ensemble, la classe de 3°5 qui n'avait pas eu cours dans cette salle a été surprise de voir que l'on pouvait aussi travailler dans un tel espace, les élèves étaient un peu intimidés (on changeait leur environnement, leurs habitudes...) et plus calmes qu'à l'accoutumée.
L' Homme au chapeau arrive dans ma classe de 6ème 5.
Presque par surprise. Sans annoncer son arrivée.
Il crée l'événement. Etonne. Provoque la réflexion et suscite les curiosités. La parole se libère.
L' Artiste chahute le cerveau, avec ou sans chapeau.
La première question : " Pourquoi suis-je là? " appelle des réponses et de nouvelles questions:
Qu'est-ce qu' un artiste ?
un peintre
un circassien
un sculpteur
un architecte
un poète
un cinéaste
quelqu'un qui observe et puise son inspiration dans les autres et dans le réel.
Alors une remarque d'élève fuse : " Vous faites un sondage dans le collège ?"
L'Artiste de répondre:
" Je récupère LA VIE des gens. "
Et d'expliquer : " Comment vous voyez le monde. La vie. Chaque personne a une perception du monde. Par exemple, quand on est libre, on voit le monde différemment que quand on n'est pas libre. "
Et d' ajouter que l' inspiration est large, que l' Artiste a aussi besoin de références, des oeuvres qui l'ont précédé.
Patrice Ferrasse en vient alors à préciser ce qu' est la Résidence d' Artiste :
c'est un lieu, un atelier;
c'est aussi une aventure : le collège est " un bouillon de culture" qui lui fournit des idées. A mûrir. L' Artiste, c'est "une main" mais aussi " une pensée".
Cette main qui trace et cette pensée qui chemine sont justement à l'oeuvre dans l'atelier d'écriture que je viens d' animer auprès de mes élèves. Patrice Ferrasse leur demande d' expliquer ce travail :
écrire un texte à partir des lettres de son prénom, pour se présenter et parler de soi ; travailler sur la matérialité - visuelle et sonore - des lettres de son prénom ; revenir à la forme de la lettre et y voir un dessin qui fait écho à son histoire personnelle.
Beaucoup d'élèves lisent, avec fierté, le texte qu'ils ont écrit : des textes drôles, parfois émouvants, toujours personnels.
Cette visite impromptue de l' Artiste et cet échange enrichissant ont permis aux élèves de voir les passerelles qui existent entre des disciplines qui leur semblent, a priori, très différentes : la Littérature et les Arts plastiques. Dans les deux cas, l'inspiration est multiple:
le réel ( la lettre "L" évoque un arbre au pied d'une rivière)
soi ( cet arbre, c'est le chêne où j'ai construit une cabane avec mon grand-père)
le langage lui-même ( la lettre "L", c'est aussi "aile" ou "elle"...)
les autres oeuvres ( on s'est inspiré d'un extrait de Mondo, de Le Clézio).
MERCI Monsieur L' Artiste pour cette visite qui a montré à mes élèves la démarche artistique à l'oeuvre dans mon dispositif pédagogique !
Une visite qui m'a permis de revisiter ma pratique, de la regarder autrement, de la revivifier.
L 'Artiste n'est-il pas l' Autre qui nous fait exister ?
Ce regard - décalé - qui nous questionne sur nous-mêmes ?
Les interventions de l'artiste en Résidence s'élargissent.
Du territoire du collège, où chaque brindille permet, à ce drôle d'oiseau qu'est un artiste dans un collège, de s'installer, il étend ses ailes vers l'école Primaire de Mallinjoud où il intervient auprès des élèves de CM2, mais aussi vers les plus grands de seconde professionnelle de l'ENILV.
Dans le collège, les contacts se font.
Un professeur de mathématique s'engage dans un curieux calcul avec ses classes, dont seul l'artiste détient les clés.
C'est dans le cours d'un professeur de français, qu'il va dérober quelques secondes d'une performance inattendue par les élèves.
La vie scolaire, voisine aux premières loges, est également sollicitée dans des actions imprévues.
La dimension artistique prend tout son sens quand l'artiste investit les rencontres, les instants et les lieux.
Il met son grain de sel dans tout ce qui vit, il introduit son grain de sable dans tout ce qui est...
La sonnerie est revenue ce jour en salle des professeurs.
L'horloge de 13 heures active les commentaires de chacun.
Les premières certitudes trouvent leurs failles dans l'incertitude du temps qui se décline sur la treizième heure....